Portrait de Fabrice Lhermitte

Mr Fabrice Lhermitte à découvert les arts martiaux durant l’enfance par la découverte du très populaire Judo. Il garde encore aujourd’hui une grande estime pour son professeur de l’époque, Dominique Deschamps pour lui avoir inculqué le respect du fondateur et de ses partenaires, la vision du Judo martial comme fondation de la pratique et non pas le seul Judo sportif pour autant passionnant qu’il soit.


Fabrice revient ici à notre demande sur son parcours :

A l’époque je rêvais de devenir Bruce Lee, Jackie Chan ou d’être un Ninja vêtu de noir et terrorisant ses ennemis samurai ». C’était un rêve d’enfant bien sûr, mais tout commence par la passion et le rêve. « Un jour je suis tombé sur un magazine auquel mon père m’avait abonné ; Karaté Bushido. A l’intérieur il y avait un article sur le maitre Masaaki Hatsumi, décrit comme l’héritier de 9 courants historiques japonais, dont 3 lignées de Ninja et 6 de samurai. Je ne comprenais pas bien ce qui était écrit mais ce qui est sur c’est que le CV était impressionnant. Il y avait une photo de son maître, Toshitsugu Takamatsu, présenté comme l’un des dernier Ninja ayant vécu. Ce qui se dégageait de cette photo m’a tout de suite parlé et marqué profondément.

Hatsumi Sensei était célébrissime. Il voyageait partout autour du Monde pour enseigner son art. Il y avait quelques dojos en France, mais beaucoup trop loin de chez moi. Même si le rêve était fort, ce n’était pas encore l’heure. Le Japon, le maitre Hatsumi, apprendre des techniques Ninja était totalement inaccessible. Je me consolait en lisant Karaté Bushido, en achetant les livres et VHS de Sylvain Guintard, ceux de Roland Habersetzer. »

C’est au début des années 2000 qu’il put enfin démarrer son étude du Ninjutsu. Il s’y est plongé corps et âme auprès de son professeur de l’époque (Estelle Padeloup), qui était élève d’Arnaud Cousergue, l’un des plus gradés et anciens élèves du Bujinkan (l’organisation de Soke Hatsumi) en France. 

C’est en suivants ses stages que j’ai rencontré la plupart des enseignants du Bujinkan en France, venus pour apprendre auprès de lui, lui demander un grade ou pour se grouper avec lui. Rares sont ceux qui étaient actifs à cette époque, que je n’ai pas rencontré là ou au Japon».

En 2004 Fabrice Lhermitte commence a remplacer son professeur en son absence puis ouvre un dojo au Havre en 2009. C’est René VDB, 7ème Dan très reconnu en Aikido qui lui ouvre la porte et lui permet ainsi de faire ce premier pas. 

Le personnage est dur, un peu sévère, mais juste et droit. Il est venu voir mon premier cours, parce que j’étais jeune, je pratiquais un art dont il n’avait pas que des échos de sérieux, loin de là. C’était son dojo personnel. Il y avait visiblement mis toute sa passion et tout son coeur. J’ai un immense respect pour cet homme. Au bout d’une heure il m’a dit, c’est bon tu peux rester. Je te laisse faire cours gratuitement ici jusqu’en janvier pour t’aider à démarrer. Cette année là je me suis rendu compte de la chance que j’avais d’enseigner dans cet endroit. Je crois que c’est ici que le germe a pris pour la future Maison du Japon »

L’année suivante a été déterminante pour la suite de l’histoire. il part au Japon pour la première fois et assiste au cours d’Hatsumi Sensei, Toshiro Nagato, Yukio Noguchi, Koichi Oguri et en particulier ceux de Hideo Seno Sensei.
Son professeur le présente au passage du 5ème Dan. 

Un moment impressionnant et inoubliable. Je ne me suis jamais senti aussi stressé. Hatsumi Sensei a même ri en me voyant ainsi, mais quel bonheur une fois le test réussi. ». 

A son retour du Japon, son professeur , qui était parti en 2006 vivre au Canada, lui demande de reprendre en main ses dojos de Louviers et Pont de l’Arche ou bien de les fermer définitivement. 

C’est là que tout a changé. Je me suis dit que j’avais une chance qui se présentait devant moi. Je pouvais passer mes journées à m’entrainer, envisager de revenir au Japon plus régulièrement, partager mon rêve avec pleins d’autres gens. Je n’ai pas hésité longtemps. »

C’est aussi cette année là qu'il découvre un livre de Kacem Zoughari (Chercheur diplômé de l’INALCO en études japonaises, expert en arts martiaux traditionnels) portant sur l’Histoire du Ninjutsu.

Je n’avais jamais lu un ouvrage aussi fouillé, précis, documenté et sérieux, hormis les ouvrages de Soke Hatsumi lui même. Je le lisais, le relisais encore et encore jusqu’à ce que je le rencontre lors d’un séjour au Japon. Nous avons fait connaissance et discuté de beaucoup de choses. C’était une rencontre marquante et je le ressentais. On a convenu de se voir dans son dojo parisien et ce fut chose faite quelques mois plus tard. Je m’entrainais énormément et j’avais passé beaucoup de temps à suivre les séminaires de beaucoup d’experts occidentaux dès mon entrée dans le Bujinkan. Là c’était tout autre chose. Je n’avais jamais vu ça auparavant. La maitrise technique, la décontraction dont il faisait preuve, la maitrise de la langue japonaise, de l'Histoire, …..

Je devais tout réapprendre si je voulais progresser. M’atteler à parfaire les détails qui n’en étaient guère. C’était une évidence. C’est à ce moment que j’ai commencé à suivre son enseignement. En 2013, lors d’un séjour au Japon il m’a présenté son maitre, Ishizuka Sensei (aujourd’hui Sōke du Gyokko Ryū et trésor national du Japon). Il est l’un des tous premiers élèves de Soke Hatsumi (trésor national lui même), avant même que celui-ci devienne Soke. Il s’entrainait à « l’ancienne » et se focalisait sur le plus important, n’enseignant que ce qui était nécessaire pour la progression et non ce que les pratiquants venus de l’étranger réclamaient. Il se fichait des grades et il avait à coeur de me faire prendre conscience de ma responsabilité en tant qu’instructeur, de la nécessité d’être juste, de ne pas faire n’importe quoi au nom du Bujinkan ou de maitre Hatsumi. Ishizuka sensei, Kacem, Aida San, Ogawa San m’ont ouvert leur porte et m’ont énormément aidé et ils le font toujours. J’espère pour encore longtemps !

C’est aussi cette année là que j’ai découvert l’autre face de la pièce de monnaie, c’est à dire l’Amatsu Tatara (enseignements divers sur la stratégie, la pharmacopée, la médecine traditionnelle….), dans lequel on trouve une section Ichibuku Goshin Jutsu ou plus communément une sorte de Shiatsu. Les deux s’imbriquaient, l’un m’aidant à mieux comprendre l’autre. C’est aussi là que j’ai décidé de m’intéresser davantage à la culture japonaise, au japonais, à la calligraphie, à l’Histoire du Japon. Ce n’était pas possible de continuer à avancer pour moi sans m’immerger davantage pour éviter tout contre sens, pour mieux comprendre les choses, leurs contextes. »

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