FAQ sur le Ninjutsu

Par Fabrice Lhermitte


Qu'est ce que le ninjutsu ?

Le ninjutsu est une discipline martiale qui a pour but la préservation de soi. Cette doctrine non sportive la rend très cohérente avec la self défense, dans laquelle on souhaite avant tout prévenir le danger et sortir du conflit avec l'adversaire pour se préserver.

Le ninjutsu consiste en l'étude des armes naturelles du corps humain (pieds, poings, coudes...) et des techniques permettant de les utiliser pour se protéger. A cela viennent s’ajouter des techniques de corps à corps comme les projections, les torsions, les contrôles debout et au sol, les dégagements ou les constrictions. Une part très importante de l’apprentissage est laissée à l’étude des armes classiques japonaises comme les bâtons longs, la lance, la hallebarde japonaise, le sabre, la cane, … Bien qu’obsolètes aujourd’hui pour la plupart, elles n’en restent pas moins un bon outil pour maitriser les déplacements. Sans parler du fun qu’apporte le maniement de tels objets.

Nous attachons une grande importance  aux contextes historiques, culturels et linguistiques. Tout ceci est très important pour éviter les amalgames, incompréhensions, clichés divers et variés et proposer ainsi un enseignement de la plus grande qualité qu’il nous soit possible.

Qui peut pratiquer le ninjutsu ?

La pratique du ninjutsu du Bujinkan est accessible à tous, sans distinction de sexe ou d'âge. L’immense richesse de cet art réside dans le fait que nous pouvons en tirer d’énormes bienfaits à tout âge de la vie. C’est pourquoi nous organisons des cours à destination des enfants (6 à 10 ans), des pré-adolescents (10 à 12 ans), des adolescents, des adultes et des séniors.

Quels sont les bienfaits du ninjutsu ?

La pratique du ninjutsu du Bujinkan permet d'améliorer la condition physique et mentale des personnes qui le pratiquent.

Physiquement en améliorant la souplesse, la santé cardio-vasculaire, l’endurance, la capacité respiratoire, la coordination, mais aussi la prévention des blessures liées au chutes, la musculature….

Mentalement par le travail sur la confiance en soi, le contrôle de soi, la gestion de la peur, de la frustration ou de la colère, la capacité à rester calme, la concentration, la capacité d’attention, la canalisation de l’énergie….

Des aspects plus sociaux et philosophiques découlent de la pratique, notamment le respect des autres, l’entraide, la bienveillance. Le Ninjutsu n’est pas un art martial compétitif. Il n’y a donc pas de culture de l’égo mais plutôt une culture de l’harmonie entre les personnes et la Nature qui les environne (notion très importante au Japon).

Nous enseignons  très régulièrement des notions de culture japonaise, d’Histoire du Japon, de langue japonaise….

C’est en outre, et non des moindres qualités, un excellent moyen d'apprentissage de la self-défense. En effet, la protection de l’individu dans son intégralité est la raison d’être même du ninjutsu, qui a su évoluer jusqu’à nos jours en s’adaptant à chaque époque. C’est l’expérience continuelle de la confrontation au réel au fil des siècles qui rend ce savoir unique.

Quelle est l'origine du ninjutsu ?

Il existe plusieurs théories quant à l'origine du ninjutsu. La plus répandue est celle qui le rattache plus particulièrement à la caste guerrière des samouraïs. Il est faux historiquement en effet de considérer que le gentil samourai s’opposait au méchant ninja. Cela n’a pas de sens, ailleurs que dans les fictions.

Le terme ninja est très récent. En effet historiquement on parle plutôt de Shinobi no mono ou de Shinobi. C'est une autre lecture des kanji composant le mot ninja.

Les guerriers japonais dans leur ensemble utilisaient en effet tout un arsenal de techniques et de savoirs faire, dont le ninjutsu. Leurs vocations étaient la recherche d’informations, la topologie, l’infiltration, l’extraction d’individus de camps ennemis, voir l’assassinat de personnalités stratégiques pour remporter des victoires décisives contre les troupes ennemies.

Les berceaux géographique sont les anciennes provinces de Iga et Koga, aujourd’hui les préfectures de Ise et Shiga. Les premières traces remontent aux périodes d’un ninjutsu embryonnaire remontent aux tout premiers écrits militaires du Japon. Il est même fait mention de l’usage de ce type de guerrier (même si on ne peut pas parler de Ninja à proprement parler) dans le célébrissime ouvrage « l’Art de la Guerre » de Sun Tzu.

Qui est Takamatsu Toshitsugu ?

Takamatsu Toshitsugu est considéré comme l’un des derniers ninjas ou shinobi ayant vécu au XXème siècle.Takamatsu a commencé sa formation alors qu’il était enfant auprès de son grand père, Toda Shinryūken Masamitsu. Il était né en 1889. Il poursuivit bien plus tard sa formation auprès de deux autres grands maîtres que sont Mizuta Yoshitaro Tadafusa et Ishitani Matsutaro Takakage.

Il est devenu l’héritier de ces trois maîtres et est devenu le chef de fil (Soke) de neufs courants (Ryū) anciens. C’est ce que l’on nomme des Koryū. Ces neuf Ryū sont appellés communément les 9 écoles, mais ce n'est pas la signification du mot Ryū. Le plus ancien de ces courant recense 34 générations de successions ininterrompues.

En voici la liste :

  • Gyokko-ryū (courant Gyokko, communément appelé école Gyokko) : spécialisé en Kosshi Jutsu, mais aussi Koppo Jutsu et Ninpō Tai jutsu
  • Kotō-ryū (courant Kotō, communément appelé école Kotō) : spécialisé en Koppo Jutsu, mais aussi en Kosshi Jutsu et Ninpō Tai jutsu
  • Togakure-ryū (courant Togakure, communément appelé école Togakure): spécialisé en Ninjutsu, mais aussi en Kosshi Jutsu, et Koppo Jutsu
  • Gyokushin-ryū (courant Gyokushin, communément appelé école Gyokushin) : spécialisé en Ninjutsu, mais aussi en Koppo Jutsu
  • Kumogakure-ryū (courant Kumogakure, communément appelé école Kumogakure) : spécialisé en Ninjutsu, mais aussi en Koppo Jutsu
  • Gikan-ryū (courant Gikan, communément appelé école Gikan) : spécialisé en Ninjutsu, mais aussi Koppo Jutsu
  • Takagi Yōshin-ryū (courant Takagi Yōshin, communément appelé école Takagi Yōshin) : spécialisé en Ju Tai Jutsu, mais aussi en Koppo Jutsu
  • Kukishinden-ryū (courant Kukishinden, communément appelé école Kukishin) : spécialisé en Daken Tai Jutsu, mais auss en Ninjutsu
  • Shinden Fudō-ryū (courant Shinden Fudō, communément appelé école Shinden Fudō) : spécialisé en Daken Tai Jutsu mais aussi en Ju Tai Jutsu

Tous ces courants ont été légués à Masaaki Hatsumi qui est ainsi devenu son unique héritier, de son vivant, même si d’autres se sont revendiqués de cet héritage après sa mort, comme cela est très courant.

Qui est Masaaki Hatsumi ?

Il est né le 2 décembre 1931, au Japon. Masaaki Hatsumi est considéré comme l’un des maîtres de ninjutsu contemporainsles plus respectés au monde. Il est le successeur de Takamatsu sensei. C’est en référence à celui-ci qu’il a créé la célèbre organisation « Bujinkan ».

Hatsumi sensei a enseigné au grand public la philosophie et les valeurs de ninjutsu sans relâche. Il a ainsi parcouru le monde et dispensé son enseignement du tout début des années 80 jusqu’en 2003. Il est ensuite resté au Japon tout en continuant d’enseigner. Il s’est retiré peu à peu ces dernières années et à laissé place à ses successeurs qu’il a formé au fil des années et reconnu comme tels.

Qui est Kacem Zoughari ?

Kacem Zoughari est né à Paris, en France. C’est là qu’il a commencé à apprendre le ninjutsu du Bujinkan avant de faire son premier voyage au Japon à l’âge de 17 ans. Il y rencontre celui qui est depuis son maitre, Ishizuka Tetsuji, devenu quand à lui aujourd’hui Soke du Gyokko-ryū. De là il n’a eu de cesse que d’apprendre le japonais, pratiquer avec passion, discipline et exigence. Il est aujourd’hui extrêmement réputé pour ses qualités martiales, aussi bien au sein du Bujinkan, qu’auprès de nombreux professeurs d’autres arts martiaux. Kacem Zoughari est d’ailleurs beaucoup sollicité pour enseigner partout à travers le monde. Il est détenteur d’un PHD en Histoire des arts martiaux classiques japonais et en langue japonaise issu de l’INALCO. Tout ceci rend la qualité de son enseignement unique et profonde.

Que sont les techniques étudiées au corps à corps en ninjutsu ?

En ninjutsu, l'étude du combat à mains nues, nommé taijutsu comprend l'apprentissage des techniques de frappes, des techniques de blocages, des techniques de torsions, des techniques de projections, des contrôles, des constrictions, des points de pression (ou points faibles du corps que l’on appelle Kyushō) et des techniques de dégagements. Tout ceci repose sur l’usage des postures et déplacements très spécifiques qui donnent une unité à l’ensemble, permettant de passer indifféremment d’un type de technique à un autre, d’une arme à une autre, sans changer la forme de corps.

Quelles sont les armes utilisées en ninjutsu ?

Les armes utilisées sont variées. Les plus fondamentales sont les bâtons d’environ 1,80 et 90cm (Bō ou Rokushaku BōHanbō), les sabres (Katana, Ninja Tō, Tachi, Wakizashi / Shotō / Kodachi), le couteau, le Jutte (bloqueur de sabre), la corde (Torinawa) et la chaine (Kusari Fundo). Il ne faut bien sûr pas oublier de mentionner la Yari (lance) et la Naginata (sorte de hallebarde japonaise).

D’autres armes comme les Shuriken (lames de jet), le Kama (faucille), le Kusarigama (chaine et faucille liés), … sont étudiés à plus haut niveau.

Fabrice Lhermitte

A propos de l'auteur

Mr Fabrice Lhermitte enseigne 9 courants martiaux traditionnels japonais depuis 2004 et à plein temps depuis 2010. Il est formateur professionnel en arts martiaux, sécurité et en Shiatsu. Sur ces contenus, il a été formé au Japon à raison de deux stages intensifs de quinze jours par année entre 2010 et 2020. Il suit encore assidûment l’enseignement de Maitres mondialement reconnus comme Dr Masaaki Hatsumi (Sōke de 9 Ryū traditionnels), Ishizuka Tetsuji (Sōke du Gyokko Ryū) et le Dr Kacem Zoughari (Chercheur diplômé de l’INALCO en études japonaises, expert en arts martiaux traditionnels).

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