FAQ sur la calligraphie japonaise (Shodō)

Par Fabrice Duprey Lhermitte


Qu'est ce que la calligraphie japonaise ?

L'art de l'écriture japonaise est une tradition séculaire. Il a été transmis par les moines bouddhistes et les familles de samouraïs. En japonais on utilise le terme “shodō” ou voie de l’écriture pour le désigner.

La calligraphie est une pratique qui consiste à tracer avec élégance et harmonie des caractères (idéogrammes) ou des dessins dans un but esthétique et symbolique.

Les calligraphies japonaises sont généralement réalisées sur des supports en bois, sur des rouleaux ou sur du papier de riz.

Il existe plusieurs styles de shodō, qui se distinguent par les outils et le support utilisés pour réaliser la calligraphie. Le shodō a été principalement développé à l’époque Edo (1603-1868). Il est aujourd’hui enseigné dans les écoles japonaises, et est considéré au même titre que l’ikebana ou la cérémonie du thé comme des formes d’arts traditionnels japonais.

A qui s’adresse l’art de la calligraphie japonaise ?

Il n’est pas nécessaire de connaitre la langue japonaise pour s’initier à la calligraphie japonaise. Cependant, au fil de votre apprentissage vous serez amenés à en apprécier beaucoup d’aspects culturels et linguistiques. Cette activité s’adresse donc à tous, à partir de 12 ans.

Quels sont les bienfaits de la calligraphie japonaise ?

La pratique de la calligraphie japonaise vise à apprendre à écrire de manière esthétique, mais aussi à développer un équilibre entre contrôle du corps, de la respiration, du geste et lâcher prise. C’est un fragile mélange entre concentration et détachement, une sorte de méditation active.

Vous apprendrez à tracer des kanji (idéogrammes) ou des kana (syllabaire japonais) correctement en respectant l’ordre des traits et à avoir des proportions harmonieuses, tant pour le caractère tracé que pour la disposition sur le support. Vous apprendrez également la prononciation et le sens des mots que vous vous exercerez à écrire. Lorsqu’il s’agit de concepts plus philosophiques ou spirituels, vous en apprendrez la signification.

Quelle est l’origine de la calligraphie japonaise ?

La calligraphie japonaise trouve son origine dans le bouddhisme, religion qui a été apportée par les moines chinois au Japon au VIème siècle. Les moines ont introduit la calligraphie chinoise dans la tradition japonaise en l’adaptant aux principes de base du bouddhisme zen. La calligraphie japonaise s’inspire de la tradition chinoise, mais elle a évolué indépendamment de son côté pour en faire un art unique. Au IXème siècle elle connait un premier essort au sein des familles de l’aristocratie et de la classe guerrière influentes à la Cour de l’Empereur du Japon.

Durant l’époque Kamakura ce sont les bouddhistes zen qui en font un outil d’expression en l’alliant à la méditation (zazen). En effet les calligraphies réalisées sont censées être le reflet de l’état d’esprit du moine au moment de sa médiation. La calligraphie est aussi utilisée pour matérialiser de manière précieuse les enseignements du bouddhisme zen et s’y référer.

Durant l’époque Edo puis Meiji, elle est de moins en moins l’apanage des aristocrates et des religieux et son usage s’étend à la classe moyenne japonaise.

On la retrouve lors de la cérémonie du thé en guise de décor permettant l’invitation à la réflexion et la méditation.

Elle est aujourd’hui enseignée dans les écoles au Japon.

Quels sont les styles les plus connus de calligraphie japonaise ?

Nous parlerons ici des styles les plus fréquents et dans leur ordre d’apprentissage.

Le style Kaisho

C’est le style qui permet l’apprentissage de l’écriture et qui est enseigné dans les écoles. Les traits sont tracés indépendamment, dans un ordre déterminé et les caractères sont assez anguleux. On pourrait dire que cela correspond à nos lettres d’imprimeries en majuscule. Il faut beaucoup se focaliser sur ce style pour espérer l’intégrer suffisamment et passer aux styles plus cursifs, surtout pour les apprenants non-natifs.

Le style Gyosho

On l’appelle style semi-cursif. Ici le but est de lier tous les traits que nous ferions dans le style Kaisho de sorte à ne quasiment jamais décoller le pinceau de la feuille. On écrit d’un seul souffle et plus rien n’est anguleux. On peut le comparer à notre écriture manuscrite apprise à l’école.

Le style Sōsho

C’est le style cursif. Ici les traits sont simplifiés. Les règles d’ordre de tracés peuvent être transgressées. On cherche plus à représenter l’énergie et l’état d’esprit de l’auteur de manière graphique, artistique et harmonieuse que de réellement écrire pour être relu par tous.

Quel matériel est nécessaire pour pratiquer la calligraphie japonaise ?

Les outils de base pour pratiquer la calligraphie japonaise sont : un pinceau, du papier, une pierre à encre et de l’encre. On les appelle les 4 trésors de la calligraphie.

Les pinceaux

Le choix des pinceaux est très important. Il existe une grande variété de pinceaux : les grands et les petits, les fins et les épais, ceux qui ont un manche court ou long... Le manche doit être en bambou. Les poils naturels peuvent être issus d’animaux différents. Ils sont sélectionnés pour leur élasticité, leur raideur ou leur souplesse. On trouve des pinceaux combinant un ou plusieurs types de ces poils. Le choix du pinceau dépend de l'utilisation que l'on va en faire, du style et de la taille des caractères que l’on souhaite tracer.

Les petits pinceaux sont très utiles pour les écritures fines, ils sont plus faciles à manipuler. Pour débuter mieux vaut un pinceau de taille moyenne et avec une composition de poils adaptée au style Kaisho.

Le papier

Pour débuter, du papier journal ou des feuilles de récupération (pas de papier glacé) feront l’affaire. Vous ne ferez pas d’oeuvres d’art mais plutôt de nombreuses répétitions pour apprendre à tracer convenablement les traits et les maitriser.

Lorsque vous commencerez à produire vos premières oeuvres, le choix du papier sera important. Ce pourra être du papier de riz ou de mûrier, mais vous pourrez aussi utiliser un support de bois par exemple, des rouleaux (kakemono), …

Le Japon possède une longue histoire d’artisanat du papier. Le papier japonais est le résultat de techniques de fabrication et de styles uniques qui remontent à plusieurs siècles. Le papier japonais était à l’origine produit en utilisant des matériaux locaux. La plupart des arbres utilisés pour fabriquer du papier étaient indigènes au Japon. Les Japonais utilisaient le bois de chêne, de mûrier, d’érable et de cerisier comme source de matière première.

L’encre

L'encre peut être de différentes qualités. Il est préférable d'utiliser une encre de chine, car elle donne un effet plus naturel.

L'utilisation de l'encre est un élément clé de la calligraphie japonaise. L'encre peut être utilisée pour dessiner ou écrire des caractères, mais elle peut également faire office de peinture. L'encre est fabriquée à partir d'un mélange de pigment et de colle. Sa composition peut varier, utilisant différents types de matériaux tels que la suie, l'huile végétale, l'encre de seiche, le sang, le riz…

On la trouve sous forme de bâtonnets solides ou de flacons d’encre déjà diluée dans de l’eau et prête à l’emploi. La forme la plus traditionnelle est celle du bâtonnet. Pour préparer l’encre il faudra alors une pierre à encre.

La pierre à encre

La pierre à encre est un outil utilisé pour préparer l’encre, pour la contenir et y plonger le pinceau pendant que l’on peint. Il s’agit d’une pierre plate, lisse et dure qui a la forme d’un rectangle ou d’un triangle. Les pierres à encre japonaises sont fabriquées traditionnellement en pierre naturelle (ardoise). Certaines des pierres les plus courantes sont fabriquées à partir de matériaux synthétiques tels que le silicone, l'acrylique et le polyuréthane. Bien sûr, ces “pierres” sont de bien moins bonne qualité.

Fabrice Duprey Lhermitte

A propos de l'auteur

Mr Fabrice Duprey Lhermitte enseigne 9 courants martiaux traditionnels japonais depuis 2004 et à plein temps depuis 2010. Il est formateur professionnel en arts martiaux, sécurité et en Shiatsu. Sur ces contenus, il a été formé au Japon à raison de deux stages intensifs de quinze jours par année entre 2010 et 2020. Il suit encore assidûment l’enseignement de Maitres mondialement reconnus comme Dr Masaaki Hatsumi (Sōke de 9 Ryū traditionnels), Ishizuka Tetsuji (Sōke du Gyokko Ryū) et le Dr Kacem Zoughari (Chercheur diplômé de l’INALCO en études japonaises, expert en arts martiaux traditionnels).

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